Bientôt, des montres atomiques aux poignets ? 

Texte et photos : Anna Aznaour

Début avril, des scientifiques chinois ont présenté leurs puces laser compactes de nouvelle génération pour horloge atomique au 50e Salon international des inventions à Genève. Zoom sur l’avancée inexorable de l’ère quantique.

Imaginer un monde où l’heure ne serait pas unifiée. Un cauchemar pour les uns et une aubaine pour les autres. Surtout dans le secteur de la Bourse. Ici, un retard d’information de quelques millièmes de seconde sur des actions qui montent ou qui baissent peut avoir un effet de tsunami sur l’économie mondiale. Idem quant aux grandes industries, dépendantes de plus en plus, de la programmation numérique et de l’intelligence artificielle. Sans oublier le chronométrage dans le ciel et au large terrestre via la 5G. L’horloge atomique est la panacée contre l’imprécision, devenue quasi fatale à notre époque hyperconnectée. À l’Université de Pékin, on travaille à son éradication depuis 1960.

Genève, une adresse de choix

Sous la direction et dans l’équipe de l’illustre professeur Jingbiao Chen, le doctorant Jie Miao a réussi à miniaturiser un laser semi-conducteur traditionnel en réduisant son volume de près de 1’000 fois. Le tout, en maintenant d’excellentes performances spectrales et une stabilité de fréquence qui assurent une précision de synchronisation dont le risque d’erreur est de moins d’une seconde sur 10’000 ans. Cela garantit à l’horloge optique miniature une précision de moins d’une seconde sur un million d’années. « Pourquoi ne pas transposer nos recherches dans une montre portable ? » a été l’idée de départ de ces scientifiques, venus à Genève. Dès lors, ils se sont attelés au défi de miniaturiser les horloges atomiques à la taille d’un cadran pour en faire, prochainement, une montre atomique optique quantique. Et pour présenter leur innovation révolutionnaire, ils ont choisi la Cité de Calvin, réputée pour être le centre mondial de la haute horlogerie ! Actuellement, ces puces laser sont utilisées avec succès par le géant Huawei et plusieurs instituts de recherche scientifique en Chine. L’équipe du professeur Jingbiao Chen compte développer des montres-bracelets haut de gamme ou des produits grand public similaires basés sur la technologie laser miniature d’ici 3 à 5 ans.

 

Polyvalence d’usage

En attendant la possibilité d’habiller nos poignets de leur mini chef-d’œuvre de précision, l’équipe présente au salon genevois cible plusieurs marchés. Parmi eux, les secteurs professionnels exigeant une synchronisation de haute précision, tels que les laboratoires scientifiques, les fabricants de systèmes de navigation et d’appareils de communication 5G/6G. Sans oublier les organisations de l’aérospatiale et de la défense, qui ont besoin d’horloges atomiques extrêmement stables et compactes pour le chronométrage. Et finalement, les applications grand public, notamment la conduite autonome, les smartphones, les montres connectées et les terminaux IoT (Internet des objets). Ces appareils du quotidien dépendent de plus en plus d’une synchronisation horaire précise, que leur « laser à pouce » promet de garantir.