L’avenir de la formation duale passe par des formations d’apprentis de plus en plus taillées sur mesure pour les entreprises, en fonction de leurs conditions de production et de leurs capacités formatrices.
Rosario Di Gerlando
Commission formation – AFDT
Les associations suisses s’investissent énormément dans la formation professionnelle, à l’instar de la rédaction de guides méthodiques ou de la préparation des ordonnances d’apprentissage. Les formations duales sont confrontées à un défi majeur. Comment former un apprenti aujourd’hui ? Un exercice compliqué, dès les premières étapes, lorsqu’il s’agit d’obtenir la reconnaissance de l’entreprise formatrice. Le passage obligé par des cours de formation pour formateurs requiert une qualité nécessaire avec un volume d’une centaine d’heures. Si un maître d’apprentissage doit connaître le guide méthodique ou encore détenir une bonne base de pédagogie, les exigences, vont au-delà de l’intérêt des jeunes en formation et de ce que les entreprises peuvent encore assumer en charges indirectes liées à la formation d’apprentis. La solution consisterait à simplifier davantage les procédures pour permettre à une entreprise de former des apprentis, en s’assurant des compétences techniques et d’encadrement idoines, avant d’exiger de chaque formateur, des compétences sans égal de pédagogue.
Progression des métiers
De plus en plus de jeunes préfèrent la voie académique, au détriment de la formation dans un métier. Résultat, la jeune génération la plus apte à apprendre, prive l’industrie d’une relève importante. Les jeunes gens qui se dirigent vers une formation duale, sont aussi doués que ceux qui se destinent à un parcours scolaire plus long. A l’issue de leur scolarité obligatoire, ces jeunes souffrent de quelques lacunes en mathématiques, français et connaissances générales pour répondre aux attentes de l’économie. L’idée n’est pas d’intenter un procès à l’école, mais de reconnaître la forte évolution des métiers. De nos jours, un apprenti droit accomplir en deux ans le même parcours que ses aînés en quatre ans. Le tout en possédant de solides connaissances de base. L’apprentissage en première année ne doit plus être le rappel et le consolidement des connaissances normalement acquises en fin de scolarité. L’école doit intégrer cette nouvelle dimension.
Exigences et attentes
Les apprentis doivent maîtriser toujours plus de compétences en raison de l’évolution des techniques. Les formations évoluent sans cesse. Entre l’attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) sur deux ans, celle sur trois ans de mécanicien-ne de production, ou sur quatre ans pour polymécanicien-ne et micromécanicien-ne, les niveaux d’apprentissage sont de plus en plus diversifiés. La gageure est la suivante : comment dispenser un niveau de formation toujours plus élevé à ces mêmes jeunes qui éprouvent parfois des difficultés à apprendre ? D’où la multiplication de métiers moins exigeants. Cette complexité ne facilite ni le choix d’un métier, ni le travail du maître d’apprentissage qui ne sait plus exactement quelles sont les exigences et les attentes selon les métiers, par rapport à ce que son entreprise peut offrir. Ainsi, l’Association des fabricants de décolletage et de taillage, l’AFDT, participe activement à la réforme des métiers de l’industrie MEM, afin de redonner un contenu et des supports qui permettront aux formateurs et aux centres de formation et institutions de dispenser des bases concrètes pour la formation.
Rôle majeur des associations
La formation duale doit fournir à l’industrie et à celle du décolletage, des professionnels qualifiés pour ses besoins de demain et non en fonction des capacités de chaque jeune. S’il est admis de vouloir amener le polymécanicien-ne ou le micromécanicien-ne un cran au-dessus pour les usinages complexes, Il serait bon de créer des formations simplifiées pour les jeunes en difficulté afin de leur offrir par la suite des passerelles pour le CFC.
Les associations professionnelles ont un rôle majeur afin d’assurer la pérennité de la formation duale. Ainsi, l’AFDT soutient les différents centres de formation du CAAJ, dans les cantons de Berne et Neuchâtel. Ces centres donnent la possibilité aux entreprises partenaires, d’augmenter le potentiel qualité de la formation des jeunes. Ils garantissent ainsi un excellent accompagnement ainsi que la possibilité d’acquérir les compétences indispensables par la suite dans leur atelier. Mais tout ceci a un coût…
Comment dispenser un niveau de formation toujours plus élevé pour ces mêmes jeunes qui éprouvent parfois des difficultés à apprendre ?