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Ingénierie concourante : comment gagner du temps

par Edouard Huguelet

 

Gestion d’entreprise. Première séance dédiée à la définition d’un nouveau projet industriel. Le groupe d’études ad-hoc se penche sur divers croquis, rapports et épures, pour définir au mieux tous les aspects du développement d’un nouveau produit : études de marché, forme, couleur, matière, structure, etc. C’est une séance de « brainstorming » (remue-méninges). Soudain, l’un des participants lance : « Il faut définir les procédures du service après-vente ».

 

Remarque assez déroutante ! En effet, alors que chacun est attelé à définir la genèse d’un produit, voici qu’un élément perturbateur vient s’intercaler dans la discussion. Comment penser à ce qui se passera après la vente du produit alors que l’on n’en est même pas au stade de la définition précise du projet ? C’est là que l’ingénierie concourante intervient.

 

Ingénierie séquentielle et ingénierie concourante

L’ingénierie concourante, appelée également « Concurrent Engineering», « Co-Engineering », co-ingénierie ou encore ingénierie parallèle, est une méthodologie qui a commencé d’être appliquée au cours des années quatre-vingt aux Etats-Unis, alors qu’elle était en fait déjà utilisée au Japon dès la fin des années cinquante, sous l’impulsion du « gourou » de l’assurance de la qualité W.E. Deming. D’ailleurs, elle se combine particulièrement bien au « Lean Management » et au « Kaizen » (voir l’article consacré à ces sujets dans ce même numéro du MicroMécanicien).

Le principe fondamental est d’associer d’emblée simultanément tous les acteurs d’un projet, dès le premier stade de son développement. Non seulement la direction, les équipes de R+D et de production de l’entreprise, mais également l’ensemble des cadres et collaborateurs, ainsi que les co-traitants (ne pas confondre avec « sous-traitants ») et les fournisseurs. Chacun doit assimiler l’ensemble du projet dès son début, dans ses diverses phases successives. Il est suggéré de mettre sur pied des équipes multifonctionnelles et pour les grands projets, il est recommandé de s’assurer la collaboration d’un consultant expérimenté pour s’occuper de la coordination des activités.

L’ingénierie séquentielle (traditionnelle) implique que chaque étape d’un projet doit être entièrement terminée et validée avant de démarrer la suivante, etc., ceci depuis les esquisses initiales jusqu’à la fin dudit projet, ces étapes pouvant être par exemple la création, la conception, la mise en fabrication, la diffusion du produit, le marketing et le SAV. Dans l’ingénierie concourante, au contraire, les différentes phases d’évolution d’un projet se chevauchent. Par exemple, lorsque le développement du produit est pratiquement défini, l’équipe chargée de la faisabilité et de la production, en contact suivi avec l’équipe de R+D, aura déjà préparé des stratégies de fabrication et les équipes de vente et marketing seront en état d’alerte. C’est un peu comme dans un match de rugby, où l’équipe fait progresser le ballon vers l’avant, ce dernier étant en l’occurrence non pas l’objet « patatoïde », mais bel et bien le projet en cours de réalisation. Donc dès le début et tout au long de l’évolution, les diverses phases allant de la définition à la diffusion du produit, se déroulent de façon parallèle.

 

Parallélisme et gains de temps

Dans les processus d’ingénierie parallèle, l’information revêt une grande importante. Tous les participants doivent être tenus constamment au courant en ce qui concerne l’évolution du projet, aussi bien pour les processus sis en amont (historiques) que pour ceux situés en aval (prospectifs). C’est comme un cours d’eau, qui grossit au fur et à mesure par l’appoint des affluents. Il se peut même que trois activités puissent se dérouler momentanément en parallèle. D’où l’importance vitale du partage et de l’échange des données!

Ce sont donc ces phases d’activités parallèles (chevauchements) qui font gagner du temps à un projet. Il s’agit d’entamer les tâches au stade le plus précoce. On obtiendra couramment, l’expérience l’a prouvé, des gains de temps de l’ordre de 20 % à 40 %. Bref de quoi coiffer la concurrence au poteau ! Maître-mot, la souplesse : pour certaines phases critiques, il s’agira de préparer des variantes, quitte à retenir celle qui s’avérera progressivement la meilleure en cours d’évolution du projet, au vu des résultats réalisés aux processus amont.

 

Pas besoin d’être un expert en CAO

L’approche de l’ingénierie concourante propose non seulement des temps de déroulement de projet plus brefs, mais évite également les contre-temps imprévus avec les mesures rectificatives associées, tout en favorisant le principe de l’amélioration continue, en d’autres termes l’approche Kaizen. En outre, point n’est besoin aux participants d’un projet d’être forcément des experts en matière de CAO. Les non-utilisateurs (la plupart des participants d’ailleurs) recevront, périodiquement mis à jour, des fichiers en format de visualisation simplifiée avec un accès en libre-service et des possibilités d’intervention, moyennant un système de contrôle basé sur un protocole d’accès sécurisé.

 

 

Source : www.mecapole.fr

 

 

Comparaison entre ingénierie concourante et approche traditionnelle.

Source : www.slideserve.com

 

Les personnes concernées aux différentes phases de la vie du produit peuvent agir sur une partie de la base de données sans contrainte d’antériorité. Le qualificatif s applique dans des équipes multi-fonctionnelles.