




À Tramelan, Michaël Chatelain a fait de son rêve d’indépendance une réalité en fondant en 2001 Chatelain Prototypes Sàrl. Spécialisée dans le prototypage horloger, l’outillage sur mesure et la fabrication de potences, son entreprise conjugue précision, réactivité et innovation pour répondre aux exigences des grandes maisons horlogères.
Entrepreneur dans l’âme, Michaël Chatelain a toujours voulu devenir indépendant. « Apprenti déjà, je savais qu’un jour je me mettrais à mon compte ». Justement, après son apprentissage, il a roulé sa bosse dans plusieurs sociétés du Jura bernois, complétant sa formation de mécanicien de précision par de précieuses compétences complémentaires, apprises sur le tas. Avant de se lancer, au tournant du siècle et la trentaine venue, pour fonder à Tramelan (BE) sa propre société : Chatelain Prototypes Sàrl.
Tout d’abord, et comme le nom l’indique, il s’est orienté vers le prototypage pour l’horlogerie et la micromécanique en général. En mettant en avant le respect de délais extrêmement serrés avec une constance de qualité garantie. « Encore aujourd’hui, on peut réagir au quart de tour si un client arrive avec une demande urgente », explique Michaël Chatelain en faisant visiter ses ateliers, aménagés au cœur de Tramelan dans une ancienne usine d’aiguilles pour machines à coudre.
L’écoute du client : essentielle
L’homme est volubile. Il a le verbe chaleureux et fortement teinté de l’accent de sa vallée. S’il aime causer, il aime encore plus écouter. « C’est très important. Nous avons toujours été à l’écoute de nos clients, pour être sûrs de répondre exactement à leurs besoins, pour leur fournir la solution qui est la meilleure pour eux ».
Et c’est aussi en écoutant les doléances des spécialistes en atelier que l’entreprise a commencé à fabriquer des outils, notamment de posage, montage ou garnissage, parfaitement adaptés aux besoins spécifiques de chaque situation. « On aime vraiment apporter nos compétences pour rendre possible ce que veulent nos clients ».
La diversification qui fait grandir
Cette diversification a gentiment fait grandir l’entreprise. L’engagement d’un ingénieur-constructeur a permis de faire encore un pas supplémentaire il y a une quinzaine d’années. « Toujours pour répondre aux besoins des clients, on a commencé à développer et fabriquer des potences. Alors ça, ça nous a fait décoller ».
Ceci notamment par le développement d’une potence pour la pose d’aiguilles. Un best-seller, toujours au catalogue et que l’entreprise ne cesse d’améliorer. Aujourd’hui, cette potence est dotée d’un capteur de force intégré et connectée pour permettre à l’opérateur de doser précisément son geste. Demain, elle sera même sans fil, reliée par bluetooth au software, développé localement et qui tourne sur un simple PC.
La potence d’origine a également été déclinée en de nombreuses variantes, adaptées aux usages les plus divers de l’horlogerie, T1, T2 et T3 ainsi que le SAV, notamment. Toujours avec le souci de la précision et de la qualité. Sans oublier l’esthétique. « Il faut que ces outils soient ergonomiques, beaux et bien finis. Que les gens soient fiers de les avoir sur leur établi ». D’autres outils spécifiques sont encore venus compléter l’assortiment, tels des huit chiffres planétaires, des équipements de test ou encore « la troisième main », un assistant malin comme tout qui permet de tenir fermement mais avec délicatesse toutes sortes de pièces afin de travailler librement dessus.
Petits outils pour les plus grands
Grandes marques, manufactures de haute horlogerie, sous-traitants s’arrachent ces outils de qualité. « C’est très satisfaisant pour nous, qui sommes un petit atelier, de voir que l’on peut apporter des solutions simples, même à des géants de l’horlogerie », explique Michaël Chatelain en traversant ses locaux, toujours avec Cassie dans les jambes. Le gentil berger australien est la mascotte de la douzaine d’employés de l’entreprise. Que des gens formés, polymécaniciens, décolleteurs, techniciens au savoir-faire extrêmement pointu et surtout polyvalents.
Car à l’exception des traitements de surface, toutes les opérations de fabrication des produits Chatelain peuvent être réalisées à l’interne : usinages divers, y compris 5 axes ou par électroérosion, fraisage, tournage, décolletage, polissage, gravage laser. Même l’impression 3D résine. C’est simple : « Quand on livre quelque chose au client, c’est entièrement terminé, contrôlé et ça fonctionne », souligne le directeur.
Texte et photos : Patrick Di Lenardo
Taille critique atteinte
Aujourd’hui, les activités de l’entreprise se découpent en trois principaux tiers, entre prototypage à la demande, fabrication d’outillages personnalisés et production de potences. Les locaux de Tramelan sont certes un peu vintage. Un peu étroits aussi. « J’ai le projet d’agrandir. Pas pour que l’on soit plus, mais que l’on soit encore mieux équipés et davantage à l’aise. Je ne veux pas que l’entreprise grandisse trop. Une quinzaine de personnes, ce serait le maximum pour continuer à rester aussi agiles qu’aujourd’hui », explique Michaël Chatelain, qui de temps à autre, délaisse ses papiers et ses écrans pour filer un coup de main à l’atelier. Histoire de bien garder le contact avec les réalités du métier.
A l’exception des traitements de surface, toutes les opérations de fabrication des produits Chatelain sont réalisées à l’interne.