En 1906, l’entreprise qui ne s’appelle pas encore Ultra Décolletage SA, prend son envol. Pour cette firme familiale, basée à Court, tout commence avec Alfred Marchand, l’adolescent aux mains d’or.
Né en 1880, Alfred Marchand quitte l’école à seize ans pour être embauché chez Kocher, Hänni & Künzli à Court, une entreprise aujourd’hui disparue. Il est l’ainé d’une famille de treize enfants. Ses parents, modestes paysans, habitent la localité. Au bout d’un mois de formation, ce surdoué fabrique déjà de façon autonome des vis d’horlogerie. Toujours chez lui, il est embauché en 1903 auprès d’Allimann Frères qui deviendra Henri Girod SA avant de fermer en 2001.
Crédit avec caution
En 1906, Alfred Marchand s’associe avec Paul Lardon, contrôleur d’horlogerie, pour fonder la fabrique de décolletage Ultra. Afin de pouvoir assurer le financement de l’opération, les deux industriels en herbe, plein d’idées mais sans pécunes, empruntent vingt mille francs de l’époque à la Banque Populaire de Moutier. Pour autant, le crédit devra être remboursable à brève échéance avec en sus une caution à présenter par les deux associés. Finalement, la garantie est fournie par les familles. Cet apport initial leur permet de construire une petite usine et d’acquérir l’outil de production, en particulier quelques tours automatiques Junker à poupée mobile, issues de la faillite récente de la fabrique de machines éponyme. Des arbres de barillets et des tiges de remontoir sont les premiers produits de l’entreprise. L’affaire prospère et les emprunts sont remboursés en temps voulu. En 1910, un étage est ajouté. En dix ans d’existence, la manufacture s’est considérablement agrandie.
La relève assurée
Dès 1932, Alfred Marchand prend seul les rênes de l’entreprise, rejoint cinq ans plus tard par ses fils Roger et Francis. De 1945 à 2007, la société change trois fois d’appellations avec une lignée de Marchand et proches pour pérenniser cette usine qui prendra le nom actuel de Ultra Décolletage SA. En 2014, Jean-Luc Marchand passe le relais à ses deux fils Sylvain et Benoît, actuels dirigeants.
Avec l’apparition en 1970 des montres à quartz, l’arbre de barillet et le barillet disparaissent, mais le système de mise à l’heure reste identique, avec un pignon coulant, un pignon et une tige à couronne. La montre à quartz nécessite aussi d’autres pièces de décolletage, à l’instar de pignons, chaussées, tenons, pieds, vis, etc. L’entreprise se spécialise également dans le décolletage de composants pour le petit appareillage, la connectique et les microtechniques. Dès 2000, l’outil de production évolue et des machines à commande numérique complètent en nombre croissant le parc de machines à cames. L’expansion des affaires a nécessité l’acquisition d’un immeuble en 2007, entièrement consacré à la terminaison de pièces horlogères. Aujourd’hui, Ultra Décolletage est spécialisée dans les fournitures d’horlogerie et le décolletage de haute précision.
Ultra Décolletage SA
2738 Court
www.ultradec.ch
Pour en savoir plus : Le décolletage dans l’Arc jurassien par Edouard Huguelet. Editeur : AFDT – www.afdt.ch et Histoire des entreprises de décolletage à Court par Jean-Luc Marchand – Intervalle N°121
Les pionniers du décolletage
« Court n’est pas un village mais une gigantesque usine » disait-on dans les années septante. A cette époque, on dénombrait 35 sites actifs dans le décolletage et la fabrication d’outillage dans cette commune de 1400 habitants. Mille décolleteuses tournaient dans ces fabriques, occupant près de 500 ouvriers. Ce temps est désormais révolu, même si certaines entreprises sont gérées par la quatrième génération. Aujourd’hui, Court est un centre de compétences reconnu dans le monde entier, à telle enseigne que les grands groupes technologiques y sont présents.
Ultra Décolletage SA
2738 Court
www.ultradec.ch