Une vie avec et après Tornos

Directeur commercial chez Tornos, fondateur du Siams, président de la Chambre économique du Jura bernois et actuel président de la Commission Marketing de l’association des décolleteurs de l’AFDT, Francis Koller est connu à mille lieues à la ronde. Retour sur son parcours.

Les emplacements pour les grandes affiches en format 89,5 x 128 cm ont été réservés. Mais toujours pas de slogan pour la septième édition du Siams. Cette campagne publicitaire dans toute la Suisse doit frapper les esprits. En ce mois de février 2000, Francis Koller, fondateur et président de ce Salon réputé à la ronde, réunit son équipe dans son bureau à Moutier. Après d’interminables discussions, un ange passe : Lucerne, capitale touristique, Zurich, capitale économique, Moutier, capitale microtechnique. Plus de vingt ans après, Francis Koller s’amuse encore d’avoir trouvé une accroche qui résumait la ville prévôtoise et l’industrie de la micromécanique dans l’Arc jurassien. Pourtant, il fallait être fou pour espérer y attirer des visiteurs des quatre coins de la Suisse et de la planète par la suite. Une audace dans cette région où l’on aime le travail bien fait, sans parvenir à s’extraire de sa machine pour aller se vendre. Impensable ! Ce fils de paysans n’a pas son pareil pour convaincre. Il faut écouter sa répartie à un journaliste qui lui demandait si à l’avenir les visiteurs n’auraient pas meilleur temps de louer un drone pour visiter sa foire : « Un Salon est un lieu magique qui permet à des personnes de se parler, de s’apprécier et de se serrer la main. Tout faire pour que longtemps après, les deux partenaires puissent y mettre un visage et une personnalité. Un drone n’aura jamais cette vocation. »

Question d’énergie

Père du Siams ? Les jaloux l’accusent de s’attribuer tous les mérites « J’ai vite compris que le succès avait plusieurs pères et la défaite orpheline, explique Francis, et puis pérenniser cet évènement bisannuel aura été avant tout une question d’énergie. » Il fallait le voir en 2006 courir avec son équipe pour héberger 530 exposants, superviser la construction de planchers et de passages couverts. Et installer des tentes en toile à perte de vue. Tout Moutier était sur le pont. Mais cette année-là, Francis s’était juré que le Siams en mode camping vivait sa dernière édition. En 2008, une halle d’expositions en dur de 6000 mètres carrées sur deux étages voit le jour. Pour faire taire les récalcitrants à son projet ? Un seul mot : Délocalisation, de quoi faire trembler tout le Jura bernois. « Rien de sérieux, plaide ce natif de Delémont, c’était juste pour les convaincre du bien-fondé de ma démarche. »
Parti de rien, il entame à quinze ans un apprentissage de mécanicien chez Tornos SA, fabrique des tours automatiques à Moutier et décroche par la suite un CFC de dessinateur dans la même entreprise. » Ce pur produit Tornos a fini à l’avant-dernière marche du groupe comme directeur des ventes tout en ayant été à la barre du navire Siams durant 23 ans ! Une image illustre à merveille son caractère. En janvier 2015, le délégué à la promotion économique de Moutier qu’il a été, rend son tablier. Sur la photo des adieux, la poignée de main est franche, le conseiller municipal sincère dans ses remerciements, mais le regard bleu perçant de Francis vogue déjà vers de nouveaux horizons. La nostalgie n’a jamais été sa tasse de thé.

 

©RJB
Pour Francis Koller, ce qui importe c’est de visualiser et ensuite de réaliser.