Vittorio Verzura aux Nations Unies, Genève

Ces dernières années, l’intelligence artificielle (IA) a commencé à transformer divers secteurs dont la médecine. Dans les pays en développement, où les ressources en matière de soins de santé sont souvent limitées, l’IA s’est avérée être un précieux recours pour améliorer l’accès et la qualité des soins.  De nombreux pays en développement sont confrontés à d’importants problèmes de santé, tels que la pénurie de personnel médical qualifié, l’insuffisance des infrastructures de santé et l’accès limité aux technologies de pointe. Ces problèmes contribuent à des taux de mortalité élevés dus à des maladies évitables et traitables. C’est dans ce contexte que l’intelligence artificielle peut faire la différence. 

Télémédecine

Le diagnostic est l’un des domaines où l’intelligence artificielle a eu un impact majeur. Dans de nombreuses régions isolées, l’accès aux spécialistes médicaux est limité. L’IA peut combler ce fossé grâce à l’utilisation d’algorithmes d’apprentissage automatique qui analysent les images médicales pour détecter les maladies. Par exemple, les algorithmes développés pour le diagnostic de la tuberculose et du paludisme par l’analyse d’images radiographiques et de microscopes donnent des résultats prometteurs.  La télémédecine, alimentée par l’IA, révolutionne également l’accès aux soins. Des plateformes à l’instar de Babylon Health, utilisent l’IA pour offrir des consultations médicales à distance, permettant aux patients de recevoir un diagnostic et des conseils de traitement sans avoir à parcourir de longues distances. Au Rwanda, où Babylon Health a collaboré avec le gouvernement pour mettre en place ces services, des milliers de patients ont bénéficié de soins médicaux opportuns. 

Prévention des épidémies

Une autre application cruciale de l’IA est la prévision et le suivi des épidémies. Dans les nations moins avancées, la promptitude à répondre à une épidémie peut déterminer si une maladie est contenue ou si une crise sanitaire majeure doit être gérée. L’intelligence artificielle, avec sa capacité à analyser d’énormes quantités de données en temps réel, est particulièrement adaptée à cette tâche.  Ainsi, lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, des systèmes d’IA ont été utilisés pour analyser les données de mobilité et les rapports de santé afin de prédire la propagation du virus. Plus récemment, la plateforme « BlueDot », basée sur l’IA, a prouvé son efficacité dans la détection précoce des épidémies de maladies infectieuses. Cette plateforme analyse des données provenant de diverses sources, telles que les actualités, les rapports officiels et les données de vol, afin d’identifier les menaces potentielles de pandémie et d’alerter les autorités sanitaires. 

Formation médicale

L’IA ne contribue pas seulement au diagnostic et à la prévention des épidémies, elle révolutionne également l’enseignement et la formation médicale. Dans ces pays en développement, où les ressources éducatives sont rares, l’IA peut fournir un soutien éducatif grâce à des outils d’apprentissage personnalisés.  A la manière d’Ada Health, qui est une application basée sur l’IA, qui non seulement propose des diagnostics aux patients, mais sert d’outil pédagogique pour les professionnels de la santé. En analysant les symptômes et les conditions de santé, cette application fournit des informations détaillées sur différentes maladies et suggère plusieurs diagnostics, aidant les médecins à prendre les bonnes décisions.  

Diagnostic précis

Le projet de la start-up sud-africaine « Radify Labs » en est un bon exemple. À l’aide d’algorithmes d’IA, Radify Labs a mis au point un système qui analyse les radiographies du thorax pour détecter les signes de la tuberculose, l’une des maladies les plus mortelles dans les pays africains. Ce système a démontré une précision comparable à celle de radiologues expérimentés, permettant un diagnostic rapide et réduisant la charge de travail du personnel médical.  L’intelligence artificielle ouvre de nouveaux horizons à la médecine, en particulier dans les pays aux ressources limitées.

Obstacles à surmonter

Malgré son potentiel, l’adoption de l’IA dans les soins de santé de ces pays moins avancées, n’est pas sans poser de problèmes. Le manque d’infrastructures numériques, les problèmes de confidentialité des données et le besoin de formation à l’utilisation de ces nouvelles technologies sont de véritables obstacles. Toutefois, avec le soutien des organisations internationales et d’investissements ciblés, ces difficultés peuvent être surmontées.  L’intelligence artificielle ouvre de nouveaux horizons à la médecine, en particulier dans les pays aux ressources limitées. L’éventail est très large, des systèmes de diagnostic avancés à la télémédecine, de la prévention des épidémies à la formation médicale, l’IA offre des solutions innovantes pour améliorer la qualité des soins. Grâce aux prochains progrès et à davantage d’investissements, l’IA pourrait devenir un outil clé pour relever les défis de la santé mondiale et améliorer la vie de millions de personnes. *Vittorio Verzura a été consultant auprès du ministère des Affaires étrangères italien dans des projets de coopération au développement en Thaïlande et au Cambodge. Il est actuellement le principal représentant ECOSOC pour l’ONG Maher accréditée auprès des Nations unies à Genève.